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Édito par Benoît Escande

Face à la morosité ambiante, il faut revenir aux fondamentaux

« Nous sommes dans une pagaille organisée. Lacampagne abricot n’a pas été formidable et la fin de la pêche également, quant à celle de la pomme, malgré l’optimisme annoncé en début de campagne, on ne peut pas dire qu’elle baigne dans l’euphorie. 

Cette ambiance est la résultante d’un dérapage collectif animé notamment par des comportements spéculatifs.

Il suffit que le marché montre des signes de reprise pour que le secteur de la production se précipite dans des plantations à tout va. Cette vision est antinomique d’une production raisonnée aux besoins du marché en termes de volumes.

Le producteur n’a pas de mémoire. 

Nous devons à tout prix revenir aux règles de base qui régissent le fonctionnement du marché.

Ce qui fonctionne aujourd’hui, c’est ce qui est organisé. J’en veux pour preuve les démarches de club telles que Juliet®, Pink Lady® et Jazz™ qui ne sont pas en crise.

L’outil de production s’est emballé, il s’est même enrayé. Il a grand besoin d’être repensé pour s’adapter à demain, qu’il s’agisse d’adaptation au changement climatique avec des systèmes d’irrigation hautement performants, ou de protection contre les bio-agresseurs en utilisant des méthodes respectueuses de l’environnement, etc.

Quant aux variétés fruitières, elles doivent offrir le meilleur de la qualité gustative et… agronomique.

Le bio se prépare à une crise.

Aujourd’hui tout le monde se précipite dans ce mode de production en pensant que c’est le nouvel eldorado économique. Cependant, il ne faut pas perdre de vue que faire du bio est un véritable défi technique et que toutes les variétés fruitières ne sont pas adaptées à ce mode de production, notamment en pomme. L’afflux massif de volumes de fruits issus de production en conversion bio va faire monter les standards qualitatifs, et les réseaux de distribution ne sont pas prêts à absorber tous ces volumes. De fait, les acheteurs vont faire de la surenchère et des producteurs vont mettre la clé sous la porte. Ce contexte contribue à la morosité ambiante. Il faut rester dans les schémas organisés.

En résumé, nous devons produire des volumes avec des fruits de qualité ayant une bonne régularité de rendement, produits au moindre coût. Il faut bannir la notion de « one shot » de notre langage de producteurs de fruits et faire confiance à notre agriculture en revenant aux fondamentaux, vers des démarches organisées. C’est la condition si nous voulons exister encore demain. 

Nous sommes condamnés à l’excellence. »